02/08/2016

De Kinsarvik à Voss

Samedi 2 juillet, j'ai encore mal, à 11h je me lève et redescends à Kinsarvik à un rythme très tranquille, puis me place à la sortie de la ville pour tendre le pouce. Au bout d'un petit quart d'heure, une famille venant de Bergen s'arrête et me dépose au niveau du Hardanger Bru, un gigantesque pont de 1,4 km qui traverse le fjord, suspendu entre deux tunnels immenses, à l'intérieur desquels il y a carrément des rond-points et des diodes de couleurs pour mettre de l'ambiance comme en discothèque.

Hardanger Bru, un pont de 1380m.

Je traverse le pont à pied sur la bande cyclable ; ça me paraît interminable et plus j'approche du centre, plus le vent souffle fort. De l'autre côté, je suis bloqué par un tunnel de 8km interdit aux piétons ; je prends alors la petite route qui longe la côte et me fait rapidement prendre par un monsieur pas très bavard, ou du moins qui ne veut pas parler anglais. Il me conduit dans le silence jusqu'à Ulvik, où je resterai 2h, notamment pour squatter le WiFi de l'office du tourisme, car je ne me suis pas connecté depuis une semaine à internet.

Ulvik.
Vue de Ulvik.

En fin d'après-midi je reprends la marche en direction de Voss sur une route assez peu fréquenté.

Sur la route au dessus de Ulvik.
Soudain un jeune d'une vingtaine d'années faisant mine de ne pas s'arrêter, se stoppe net à mon niveau au milieu de la route, en faisant crisser les pneus et caler le moteur. Il rigole ; je monte à bord rapidement, car un voiture arrive en face, un peu surpris par cet étrange personnage. Après les présentations, il me propose de la drogue, et me donne une dose de LSD. Je lui dis que je ne touche pas à ça et lui demande si il en a pris avant de conduire. Il dit en avoir pris hier et insiste pour que je range son petit sachet dans mon sac. Il me demande si je suis pressé car il veut faire des détours, je lui réponds que je suis en vacances, j'ai tout mon temps, ça me fera visiter. Il ouvre toutes les fenêtres, ainsi que le toit-ouvrant, met une musique étrange à fond et se mets alors à tourner en rond dans les collines autour de Voss, en roulant à toute vitesse sur des petites routes qui montent, descendent et tournent dans tous les sens. J'ai l'impression d'être dans un parc d'attraction ou un jeu vidéo de rallye. Au début je pensais qu'il voulait me faire visiter le coin, mais en fait je crois qu'il est surtout complètement cinglé ; ceci dit il pilote assez bien. Après je ne sais pas combien de kilomètres, de demi-tours, et de cri par la fenêtre à chaque fois qu'on croise un piéton, je lui demande en rigolant si son circuit mène au centre-ville. Mieux que ça, il me réserve en fait une surprise. Il s'engouffre dans une impasse au dessus de la ville, au bout de laquelle il y a un musée à l'orée de la forêt. On déboule sur un parking quasiment vide, mais il se gare comme un sauvage dans l'herbe en dérapage controlé, en me disant "te voilà chez toi". En effet j'ai planté la tente 50 mètres plus loin, avec la meilleure vue qu'on puisse avoir sur le lac et la ville.

Campement à Voss.
Après une heure assis sur un banc à me remettre de mes émotions suite à cette rencontre particulière, je descends en ville où il y a beaucoup d'animation ce week-end car il se tient un festival de sports extrêmes, avec des concerts le soir.
À minuit, je remonte sur ma colline, et me fais bercer au son des basses. Ça me change du bruit des torrents, des oiseaux et des gouttes de pluie sur la toile de tente.

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