13/08/2016

Retour en France

Mercredi 13 juillet, au cœur de l'aéroport, finalement le bruit ne m'a pas dérangé tant que ça ; en fait j'entends plus les voitures que les avions. Je me lève à 10h et replie sac de couchage, matelas et tente pour la dernière fois, avant de rejoindre le terminal en 10 minutes.
En déposant mon bagage, je me souvient soudain du petit sachet de LSD que j'avais caché dans les pages de mon guide. Je n'y connais rien, j'espère que ce n'est pas détectable d'une manière ou d'une autre.

En Norvège, la ponctualité de tous les moyens de transport que j'ai pu prendre a été irréprochable. A peine monté dans l'avion géré par Air France, on nous annonce un retard de 30 minutes. Un petit avant goût pour se préparer au retour en France...



BILAN :

- Environ 320km de marche à pied.
- Environ 750km en transports en commun (3 trains, 2 bus et 7 ferries).
- Environ 1000km en auto-stop (21 voitures et 1 camping-car).
- 21 nuits en camping sauvage.
- 4141 couronnes dépensées, soit à peine 600€ au total en comptant l'aller-retour en avion (merci auto-stop et camping sauvage !)

12/08/2016

Une journée à l'aéroport

Mardi 12 juillet, réveillé à 5h par le premier avion, je me rendors jusqu'à 9h. Il y a un millier de moustiques coincés entre la toile de tente et la moustiquaire ; je suis emprisonné, ils attendent avec impatience que je sorte. Ils pourraient attendre un moment, mon avion ne part que demain. Ceci dit je n'ai pas trop envie de rester là. Hier soir j'ai voulu m'arrêter à Eidsvoll car j'avais repéré sur la vue satellite des cours d'eau, pensant pouvoir trouver une plage pour me baigner, mais ce sont en fait des marécages. Me voilà donc dans ma prison, un peu au milieu de nulle part. Finalement la seule chose qu'il me reste à faire, c'est d'aller directement à l'aéroport. D'ailleurs je ne suis même pas sûr que l'on puisse y accéder à pied. Je vais donc vérifier ça aujourd'hui, ça me permettra de ne pas être en galère demain matin juste avant le départ de l'avion.

Ma tente était ici. Fin de voyage, j'oublie de prendre des photos...

Je traverse d'abord la forêt par un labyrinthe de chemins où je croise un élan, puis en arrivant à Gardermoen, l'aéroport est juste là, à quelques mètres mais l'entrée se trouve de l'autre côté à 8 kilomètres. Je fais le tour en suivant la piste cyclable, puis rentre dans le terminal sans problème par un chemin bien indiqué. C'était donc simple mais bien plus long que ce que je pensais, j'ai marché plus de 15 kilomètres.

Camping dans l'aéroport.
Bon il est 15h, j'ai 21 heures d'avance, il me reste 69 couronnes... Que faire ? Bah rien. Y'a rien à faire dans un aéroport... ni autour. En plus il se met à pleuvoir. Je m'occupe sur l'iPad, je regarde les gens, j'imprime ma carte d'embarquement, je prends un panini et deux bananes pour arriver pile poil à 69 couronnes et rentrer en France sans aucune monnaie.

Le temps passe vite, il est déjà 22h ; je sors du terminal mais pas de l'aéroport et je plante la tente dans un petit coin de forêt, au milieu d'une clairière insoupçonnée dans un endroit aussi bétonné et bruyant. Pourquoi s'emmerder à aller plus loin alors qu'il y aura autant de bruit de toutes façons. Ça ne m'empêchera pas de dormir.

11/08/2016

Retour à Oslo

Lundi 11 juillet, il tombe une petite pluie fine et ça ne semble pas vouloir s'arrêter. Dommage j'aurais voulu faire la randonnée de Romsdalseggen, mais si en plus de mes douleurs aux pieds et au genou, je termine dans les nuages, ça ne me motive pas du tout.

J'aurais aimé monter au Rampestreken...

Je me rends à la gare pour squatter prise électrique et WiFi, et voir les horaires des trains pour Oslo, où j'ai mon avion dans 48 heures. C'est à 450km d'ici. Si je fais tout en train je vais arriver trop tôt ; si je fais tout en stop, à moins d'avoir de la chance, ça risque d'être juste. Donc je vais essayer de mixer les deux en analysant les portions où le rapport distance/prix est le plus intéressant en train. Après tâtonnement et de nombreuses recherches sur le site de la NSB (la SNCF norvégienne), je conclus que l'idéal serait d'aller à Dombås en stop et de terminer en train.

Après quelques courses, me voilà en chemin vers la sortie de la ville, pour essayer de faire une centaine de kilomètres en stop. J'attends une vingtaine de minutes sous la pluie avant que s'arrête une somalienne musulmane qui est infirmière à Ålesund. Elle me parle en français avec un accent africanorvégien. Elle va à Oslo chercher son mari et son beau frère qui reviennent de France. Impeccable ! Je n'aurai ni à prendre le train, ni à chercher d'autres lifts, ni à parler anglais.

Après 6 heures de trajet sous le soleil sur une jolie route, le long de la ligne de chemin de fer et le fleuve de l'Otta, je demande à ma conductrice de me déposer à Eidsvoll, à une quinzaine de kilomètres de l'aéroport. N'ayant rien à faire de particulier à Oslo, et plus que 118 couronnes dans mon porte monnaie, ça m'évite un aller-retour inutile d'une centaine de kilomètres, dont le retour me coûterait 92 couronnes et me laisserait tout juste de quoi acheter un croissant et une pomme.

J'installe mon campement dans une forêt infestée de moustiques, m'obligeant à monter ma tente aussi vite que si j'étais sous une averse. Je tue un par un ceux qui ont eu le malheur de rentrer dans la moustiquaire avec moi, pendant que les autres se démènent par centaines pour essayer de trouver une entrée.
Je m'endors loin du bruit des cascades et des mouettes, remplacées par le bourdonnement des moustiques et les avions qui passent juste au dessus de moi, car je suis dans l'alignement des pistes d'atterrissage.

10/08/2016

Åndalsnes

Dimanche 10 juillet, je me lève à 10h, Mathias vient de se réveiller et prépare le petit déjeuner.

Campement à Rødven près de Eidsbygda.

Vers midi il me reconduit sur la route principale pour que je retourne à Åndalsnes en stop ; lui va aller pêcher et continuer sa route vers le nord. Nous nous disons au revoir, et j'attaque le stop au bord de cette route très passante qui me rappelle celle où j'ai attendu 3h jeudi dernier. Assez vite, au bout de 10 véhicules à peine, j'ai déjà envie de partir à pied car j'ai l'impression qu'Åndalsnes n'est pas si loin. En effet ce n'est pas loin en bateau, mais par la route il faut contourner le fjord dans toute sa longueur. J'avais eu l'impression qu'on avait assez peu roulé hier soir pour trouver notre planque, mais on avait bien dû faire au moins 30km, l'air de de rien.

Après une heure de marche, je fais une grosse pause dans une crique où je me baigne sur une plage de galets, et sèche ensuite au soleil sur un pilotis en bois. Puis je repars, toujours sans l'envie de faire du stop. Je vois enfin Åndalsnes juste de l'autre côté, par contre je distingue à peine le bout du fjord qu'il faut que je contourne, et ça c'est inquiétant. Après plusieurs pauses pour soulager des douleurs aux pieds, je plante la tente au bord du fjord, 500 mètres avant les premières maisons d'Åndalsnes.

Campement près d'Åndalsnes.

Je vais me promener en ville, mais il n'y a pas grand chose à faire, c'est assez mort, sauf une place où j'aperçois de loin un peu de vie. Je découvre alors que même ici, il y a une fan-zone pour la finale de la coupe d'Europe de foot. Il y a du WiFi alors je reste, mais plutôt tourné vers le fjord que vers l'écran géant. J'étais venu en Norvège aussi pour échapper à l'Euro, mais c'est difficile. A plusieurs reprises pendant mon voyage, il a suffit que je dise que je suis Français pour qu'on me parle de foot.
Je retourne à la tente, assez satisfait de cette défaite, par esprit de contradiction. La compétition étant terminée, je vais pouvoir rentrer en France.

09/08/2016

De Geiranger à Åndalsnes

Samedi 9 juillet, je suis surpris en me réveillant de voir qu'il est déjà 11h. Je vais me cacher dans la forêt pour salir Le Monde, puis après avoir dit au revoir au Geirangerfjord, je termine la montée entamée hier, en marchant jusqu'à l'aire de repos suivante.

Au revoir Geiranger !

Je fais un peu de stop, histoire de faire une pause, on ne sait jamais, des fois que quelqu'un s'arrête, mais vu le genre de véhicule qui passent ici, je n'y crois pas du tout. Que des bus, caravanes, camping-car... Au bout d'une vingtaine de véhicules, alors que je m'apprête à repartir, une Renault Scenic plutôt vieille apparaît au virage. Je la sens bien celle là, je la tente. Et me voici dans la voiture d'un jeune Danois, barbu chevelu, qui roule sans objectif précis. Il voyage et dort dans sa voiture jusqu'à trouver une ferme pour faire du woofing. Mais pour l'instant il a juste besoin d'une connexion à Internet et d'une bière. Je sens qu'on va bien s'entendre.

En route vers Åndalsnes !

On traverse ensemble le Storefjord en ferry entre Eidsdal et Linge, puis on continue de Valldal à Åndalsnes en passant par le fameux Trollstigen, l'échelle des trolls, une descente vertigineuse de 11 lacets dans le brouillard, où les bus et camping-car ne peuvent se croiser et créent des bouchons.

Ce que j'aurais vu s'il n'y avait pas eu un épais brouillard...

Après 75km nous arrivons à Åndalsnes, où j'invite Mathias, mon conducteur, à aller boire une bière. Dans cette ville complètement morte, on trouve le seul "bar" ouvert. Ce n'est pas vraiment un bar, je ne sais pas trop ce que c'est d'ailleurs, mais il y a de la bière.

Feu de camp avec Mathias.
Puis il me propose qu'on aille chercher un endroit tranquille pour passer la nuit. Après une dizaine de kilomètres, nous finissons par trouver un coin perdu au fond d'une presque-île, après avoir passé Rødven et son église en bois (encore). Nous nous engageons dans un chemin dans les bois, sans vraiment savoir si c'est un accès privé, au bout duquel nous arrivons dans une petite clairière où il y a tables, banc, espace pour faire un feu et terrasse avec une vue grandiose sur le Midfjord et l'île de Sekken. Cet endroit est parfait. Il prépare à manger pendant que je monte ma tente, puis nous allumons un feu, avec ce qu'il reste de mon journal et le bois mort qui ne manque pas dans la forêt. Malgré l'humidité le feu prend très bien, et nous restons devant pendant trois bonnes heures avant d'aller nous coucher.

Vue sur l'île Sekken depuis notre campement.

08/08/2016

Geiranger

Vendredi 8 juillet, je me tortille comme un ver de terre pour me hisser vers le haut de ma tente ; les surfaces entre le duvet et le matelas ont tendance à glisser l'une contre l'autre et je me retrouve régulièrement en boule au fond de la tente.

Vue de ma tente sur le Geirangerfjord.

Je n'arrive pas à me rendormir, je vais faire un tour dans le village puis tente de trouver le Flydalsjuvet, un rocher dont m'a parlé Hugo le suédois dans la voiture hier soir. C'est un rocher dans le même genre que le Trolltunga, m'avait-il dit.
Ce n'est pas très bien indiqué, je monte par la route principale, et arrive à un joli point de vue au dessus du village, où il y a plusieurs parkings et beaucoup de monde arrêté. Puis je continue mais il n'y a plus aucune indication. Après quelques kilomètres, je finis par me dire que c'était peut-être tout simplement là où il y avait tant de gens où je ne me suis pas attardé. Pourtant je n'ai pas vu de rocher se jetant au dessus du vide comme le Trolltunga. De retour sur les lieux je comprends que c'était bien là, c'est même écrit en gros. Et en fait le rocher était sous mes pieds. Il faut enjamber une barrière de sécurité et descendre par derrière pour se rendre compte qu'en effet en dessous il y a le vide. Mais bon ce n'est pas non plus vraiment dingue, mais la vue vaut le détour.

Vue du Flydalsjuvet, au dessus de Geiranger.

Ne voulant pas avoir marché autant pour seulement ça, je profite des 200 mètres de dénivelé déjà effectués pour faire une autre ballade assez facile. C'est un chemin assez plat, le plus dur étant déjà fait, où l'on côtoie brebis, chèvres et lamas, qui mène à une vue plongeante sur le centre du village et le fjord.


Je reste là haut un long moment ; j'ai un gros coup de mou. Je ne sais pas si c'est la chaleur ou le manque de sommeil, mais j'ai une de ces flemme de faire quoi que ce soit.
Quitte à ne rien faire, autant être à côté d'une prise électrique car ma tablette est presque vide et une charge complète dure très longtemps. J'en ai repéré quelques unes en libre accès sur la façade des boutiques de souvenir ; depuis mon voyage en roue électrique l'automne dernier, je détecte les prises partout où je passe.

Je redescends donc glander dans le centre, où je ne trouve aucune information sur le ferry qui va à Valldal. Je vais demander à l'office du tourisme, en fait cette ligne n'existe plus depuis 2 ans. Je suis déçu, je ne ferai pas de croisière sur le Geirangerfjord, car les autres possibilités sont purement touristiques, donc assez cher et ne me faisant pas aller dans la bonne direction.

Il fait déjà moins chaud, et il n'y a plus trop de circulation sur la grande route, je pars en marchant en direction d'Åndalsnes, sans trop d'idée en tête. À 23h à Ørnesvingen je tombe sur un point de vue idéal pour passer la nuit. De là haut je suis face à un paysage magnifique, avec en contrebas le fjord qui serpente entre les montagnes abruptes, et à ma gauche Geiranger, pas encore très loin, malgré deux heures de marche, car je n'ai fait que monter 8km de lacets.

Vue d'Ørnesvingen sur le fjord.

Cette nuit sera meilleure que la précédente, car le terrain est bien plat et je devrais être à l'ombre d'un arbre une bonne partie de la matinée.

Campement à Ørnesvingen, le plus beau point de vue sur le Geirangerfjord.

07/08/2016

Première galère en auto-stop

Jeudi 7 juillet, je n'ai pas choisi l'endroit le plus calme pour passer la nuit ; en plus des mouettes, il y a une zone industrielle pas très loin, sans compter le vent qui souffle très fort sur cette plage, faisant vibrer la toile de tente. Petite nuit donc, à 8h je n'arrive plus à dormir et le soleil transforme la tente en sauna. Très belle journée en perspective, je découvre un beau ciel bleu en ouvrant la tente. J'ai l'eau, le soleil, le vent et toute la matinée devant moi, le moment tant attendu pour laver mes fringues.

Matinée lavage & séchage des vêtements.
Pendant que tout sèche étendu sur les arbustes, je fais ma toilette et range mon merdier.
Misère, je n'ai plus que 2 feuilles de PQ. Heureusement, je n'avais pas jeté mes journaux et prendrai donc beaucoup de plaisir en me torchant avec les articles sur l'euro 2016 en page centrale du Monde.
Il n'y a plus de vent, plus aucun nuage, il fait chaud, les vêtements sèchent très vite, je suis propre, je n'ai pratiquement plus mal nulle part... tout va bien. Il y a quelques montagnes autour de moi qui me donnent envie de grimper pour voir la vue de la haut, mais je préfère rester propre pour les 100km de stop qu'il me reste jusqu'à Geiranger, et aussi garder mes forces et laisser reposer mon genou qui est quasiment guéri.

Je fais un tour en ville, où il y a une boulangerie-pâtisserie à priori réputée dans la région, et une très belle église en bois datant de la même époque que celle d'Ornes.

Eglise de Lom.

À 15h, je me place à la sortie de la ville juste après un dos d'âne. Cinq minutes d'attente et un fermier me conduit une dizaine de kilomètres plus loin, jusqu'au croisement qui mène à Marlo où il a sa ferme. Mais ici, rien à faire, personne ne s'arrête pendant 2 heures ! Ils ont tort, je n'ai jamais été aussi propre depuis le début du voyage. Je ne comprends pas pourquoi d'un coup le stop ne marche plus alors que jusqu'ici ça a toujours été très efficace. Pourtant il y a de la circulation, je suis bien visible et il y a un grand espace pour que les gens s'arrêtent. Heureusement il fait très beau, même un peu trop chaud, et j'ai une table de pique-nique en bordure de route pour m'assoir.
Deux femmes passent en souriant sans s'arrêter, puis après réflexion rebroussent chemin pour venir me chercher quelques minutes après, et me proposent de m'avancer un tout petit peu jusqu'à Bismo, où il y aurait, selon elles, plus de passage. Je ne verrai aucune différence puisque c'est la même route, mais psychologiquement ça fait du bien d'avoir avancé un peu et de changer de point de vue.
Derrière moi, un monsieur range son garage et m'observe. Au bout d'une heure, je suis toujours là et il m'invite à venir manger quelques gâteaux avec du coca.

Je commence à perdre espoir sur cette route, il n'y que des touristes aux voitures remplies, des allemands et hollandais avec de gros camping-car, des 4x4 et grosses voitures aux vitres teintées... Bref que des gens qui ne s'arrêtent jamais. Je regarde les horaires du bus, il ne passe que toutes les 12 heures, la prochaine fois sera à 4h du matin. Je me mets alors à marcher sur le bord de cette grande route pas très agréable, sans même plus prendre la peine de tendre le pouce, car je n'y crois plus, et aussi pour éviter de me faire arracher le bras. Je me dis qu'il finira bien par se produire quelque chose d'inattendu. Il se passe toujours quelque chose.

Après 6 ou 7 kilomètres de marche, soudainement il me reprend l'envie de lever le pouce juste un coup à la prochaine voiture, pour voir. Bingo ! Quatre jeunes, dont un suédois qui s'appelle Hugo, s'efforcent de libérer le peu d'espace restant dans leur voiture. Et cerise sur le gâteau, ils vont à Geiranger !
Et hop, 75km d'un coup. Contre toute attente me voilà donc arrivé à destination à 22h.

Campement près du village de Geiranger.
Je pars à la recherche d'un petit plat à plus de 150 mètres des maisons, c'est pratiquement impossible dans un endroit pareil. Il y a quelques possibilités le long d'un chemin, mais j'arrive trop tard, c'est déjà occupé par des voitures et des tentes. Je monte alors le talus et tente le hors piste. Au final je me contenterai, d'un espace qui paraissait relativement plat, mais une fois la tente installé, pas du tout.

06/08/2016

En route vers la région des Trolls

Mercredi 6 juillet, après la journée d'hier très ensoleillée, la plus belle depuis le premier jour à Stavanger, aujourd'hui les nuages sont de retour mais laissent place à quelques belles éclaircies et le vent est sec ; c'est agréable de pouvoir ranger ses affaires sans avoir la sensation d'embarquer 1kg d'humidité.

Il y a un bac pour traverser le fjord, qui fait l'aller-retour entre Solvorn et Urnes toutes les heures. Je vise celui de 11h, mais arriverai finalement tout juste à temps pour celui de midi ; j'ai encore trop glandé ce matin sans faire gaffe.


Vue sur Solvorn depuis le bac.

Arrivé à Urnes, nous sommes une vingtaine à grimper la colline pour visiter l'église. Enfin moi je resterai à l'extérieur car l'entrée est payante et à vrai dire je m'en fiche un peu. Je monte au dessus où la vue sur cette construction en bois du XIème siècle, surplombant le fjord,  est probablement bien plus jolie que l'intérieur de l'église elle-même.


L'église d'Urnes.

Je fais une pause déjeuner à base de pain de mie qui s'effrite et de fromage norvégien à la texture de pâte à modeler, tout en regardant les touristes piétiner les morts en prenant des photos dans leur enclos, dans lequel ils n'ont pas assez de recul pour cadrer l'église en entier... Bref une fois de plus les mouches à merde me divertissent.

Il est temps de poursuivre la route, j'ai une grande distance à parcourir cet après-midi. Mon objectif désormais étant d'atteindre Geiranger et son fjord, référencé dans le patrimoine de l'Unesco lui aussi, comme le Nærøyfjord traversé hier et cette église en face de moi.

Chemin pour éviter un tunnel. 
La première partie jusqu'à Skjolden est une route très peu fréquentée pendant 30km. Il est probable que j'attende vraiment longtemps qu'une voiture me prenne et je préfère marcher plutôt que de rester immobile à la sortie du village. Chaque kilomètre que je marche, il n'y a qu'une voiture qui me double sans s'arrêter. Au bout de deux bonnes heures et déjà presque 10km parcourus, je commence à me préparer psychologiquement à faire les 20 derniers également à pied. Ce n'est pas gênant, j'ai le temps, la route est assez agréable, et la météo aussi.

Quasiment à mi-chemin, alors que je pensais finir à pied, un couple de hippies finlandais m'invite à monter dans leur camion aménagé. Je n'avais même pas besoin de tendre le pouce, ils se seraient arrêtés pour me proposer de monter. Je suis leur deuxième auto-stoppeur, le premier aussi était français. Je reste un moment assis à l'arrière sur le lit au milieu du bazar ; on arrive enfin au bout du fjord et on attaque une longue ascension de la montagne.

Ils me déposent après quelques dizaines de kilomètres, au croisement où nos routes se séparent. Dix minutes après, alors que les finlandais sont toujours là, un homme dans une belle voiture ouvre la vitre et me dis que si je n'ai pas peur de son gros chien, je peux monter. Je n'allais pas refuser l'offre, d'autant plus qu'il me conduira jusqu'à Lom, 80km plus loin. Un long trajet avec des paysages très changeants : des sommets encore sous la neige, un glacier, des déserts de rochers, et une longue descente sinueuse vers la vallée plus verdoyante. Nous sommes dans la région du Jotunheim qui porte bien son nom ; tout paraît si grand. Nous passons d'ailleurs à proximité du plus haut sommet de Norvège.

Campement près de Lom.
En seulement 2 lifts, j'ai parcouru plus de 120km, me faisant ainsi rattraper le retard du début de journée. Il est déjà 20h, j'en reste là pour aujourd'hui. Je regarde un viking traverser le centre-ville en Segway, puis me dirige vers l'extérieur de la ville pour camper. Je trouve une grande plage de sable fin au bord d'un cours d'eau ; je ne sais pas si c'est un lac ou un fleuve très large, en tout cas cette fois ci, ce n'est pas le plat qui manque. J'insulte les mouettes pour qu'elles aillent piailler ailleurs ; je sais bien qu'il fait jour mais il est minuit bordel, y'en a qui veulent dormir !